MOINS DE BEBES ET PLUS DE FRANCAIS ?

MOINS DE BEBES ET PLUS DE FRANCAIS ?

Le 4 novembre dernier, à la suite de la publication par l’INSEE des chiffres de la fécondité française et européenne, la presse s’affolait…

Le « Parisien » titrait : « Baisse des naissances, les Français ont le bébé blues ». Mais « le Monde » remarquait : « En France, il y a moins de naissances, mais les femmes font toujours autant de bébés ».

Cette question est importante pour le développement territorial : une grande partie de la planification territoriale est liée aux projections, prévisions et objectifs démographiques à long terme. La quantification de l’avenir d’un territoire, c’est, d’abord celui de sa population…

Certes, les neuf premiers mois de 2015 montrent une baise, limitée, mais réelle, du nombre d’enfants nés en France (- 16 000 par rapport à la même période de 2014).

Mais ce chiffre, qui reste particulièrement élevé dans le contexte européen, signifie-t-il que l’accroissement de la population française va fortement ralentir, avec ses conséquences en termes de vieillissement accéléré de la population ?

Rien n’est moins sûr.

En effet, la question fondamentale n’est pas celle de la natalité (combien d’enfants pour 1000 femmes en âge de procréer ?), mais celle de la fécondité : combien d’enfants, en moyenne, chaque femme aura-t-elle durant la période où elle sera en âge de procréer ?

On pourrait objecter que les deux données sont liées, et que la natalité est l’expression instantanée de la fécondité…

Mais ce n’est pas nécessairement le cas : si, par exemple, l’âge des mères au premier enfant augmente rapidement, on verra moins de bébés dans l’année, mais le nombre final d’enfants nés sur le long terme ne baissera pas, si ces femmes continuent à avoir le même nombre d’enfants tout au long de leur période de fécondité.

Or c’est précisément ce qui se passe aujourd’hui en France : la fécondité reste élevée (par rapport aux moyennes européennes), autour de 2 enfants par femme (ce qui veut dire que si cette tendance se maintient, le vieillissement de la population sera essentiellement dû à l’allongement de la durée de la vie, et pas un déficit de naissances).

Mais l’âge au premier enfant continue sa progression, atteignant désormais plus de 28 ans, sous l’effet de la prolongation des études, notamment supérieures. Cet accroissement n’a pas été impacté par la crise économique et financière depuis 2008.

Commentant cette situation dans « Le Point », Hervé le Bras, Directeur d’Etudes à l’Institut National d’Etudes Démographiques (INED), affirmait : « ces 16 000 naissances en moins de 2015 ne signifient pas grand-chose et je ne crois pas que nous soyons en train d’observer un changement qui s’amorcerait ».

Sur le long terme, l’évolution de la population française sera donc fonction (hors solde migratoire) du maintien du niveau actuel de la fécondité, et du nombre de femmes en âge d’avoir des enfants.

En conséquence, la population française devrait continuer à augmenter de façon importante, atteignant, dans le scénario de l’INSEE où les tendances démographiques actuelles se maintiennent, prés de 74 millions d’habitants en 2060…

Il faut remarquer que ces données placent la France dans le « groupe de tête » des nations européennes pour ce qui est de la fécondité, avec le Royaume-Uni, l’Irlande et la Suède, et, pour la dernière période, plutôt au-dessus de ce « groupe de tête ».

La réflexion, la planification et la prévision territoriales doivent donc prendre en compte ces données, les affiner pour chaque territoire, afin d’être en mesure d’évaluer les besoins et de prévoir les projets d’infrastructures, de logement, de services, d’équipements, de développement économique et commercial … ainsi que les effets de ces projets sur les finances publiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Evolution de l’Indicateur conjoncturel des fécondité dans l’Union Européenne de 2005 à 2013

Source : Eurostat, in « Eclairage – Situation sociale des pays européens depuis le début d la crise », INSEE 2015.

 

 

 

La réflexion, la planification et la prévision territoriales doivent donc prendre en compte ces données, les affiner pour chaque territoire, afin d’être en mesure d’évaluer les besoins et de prévoir les projets d’infrastructures, de logement, de services, d’équipements, de développement économique et commercial … ainsi que les effets de ces projets sur les finances publiques.


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