UNE GEOGRAPHIE ECONOMIQUE DES REGIONS EN EVOLUTION : POURQUOI ?

UNE GEOGRAPHIE ECONOMIQUE DES REGIONS EN EVOLUTION : POURQUOI ?

Les cycles économiques, les changement de modes de vie, le basculement d’une société industrielle à une société de services a eu pour conséquence de modeler une nouvelle géographie économique à l’échelle française.

Les régions industrielles des années de l’après-guerre, telles que le Nord-Pas de Calais, la Lorraine, l’Alsace, l’Ile-de-France, etc., n’ont pas crû aussi vite que les nouvelles « locomotives » régionales: Aquitaine, Bretagne, Corse, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Pays de la Loire, PACA et Rhône-Alpes.

Quelle géographie économique nationale ?

L’observation des comportements régionaux au regard des évolutions de l’emploi et de la valeur ajoutée permet de distinguer 6 groupes (sur la base des contours des Régions 2015) :

  • Le premier est constitué de la Corse, qui se positionne sur en effet rattrapage par rapport aux tendances nationales, tout en bénéficiant d’un sursaut sensible de sa base productive, comme présentielle ;
  • Le deuxième groupe se compose d’Aquitaine, Bretagne, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Pays de la Loire, PACA et Rhône-Alpes qui bénéficient de spécialisations bien orientées sur les marchés et de dynamiques locales fortes ;
  • Le troisième groupe constitué de la seule Ile-de-France qui du fait de ses spécialisations obtient une croissance de la valeur ajoutée forte, mais sa performance en terme d’emploi est amoindrie par des effets externes négatifs (congestion, visibilité, mobilité…) ;
  • Le quatrième groupe, celui de Nord-Pas de Calais et Poitou-Charentes qui est caractérisé par des régions ayant une croissance de l’emploi et de la valeur ajoutée légèrement en-deçà du comportement national ;
  • Le cinquième groupe : Alsace, Auvergne, Centre, Basse et Haute-Normandie se distingue par une création de richesses et évolution de l’emploi plutôt atone par rapport aux résultats de la France ;
  • Le sixième groupe : Bourgogne, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Limousin, Lorraine et Picardie connaissent une croissance de la valeur ajoutée poussive et des évolutions de l’emploi négatives.

Quelle interprétations donner à cette classification ?

En dehors de toutes considérations statistiques, les régions sont des « organisations réactives » qui réagissent différemment aux stimuli venant de l’extérieur, ce qui a pour conséquence de ne pas homogénéiser les résultats économiques enregistrés.

Ainsi, des régions comme Midi-Pyrénées ou Champagne-Ardenne ont eu entre 2000 et 2011 des performances opposées, peu corrélées aux mouvements nationaux aussi bien sur les évolutions de l’emploi que sur la valeur ajoutée.

En outre, les espaces productifs : Franche-Comté, Nord-Pas de Calais, Picardie, Champagne-Ardenne, entre autres, ont connu des performances bien moins importantes que des espaces dits non-productifs : Corse, Languedoc-Roussillon, voire PACA. Néanmoins, il existe parallèlement à cela des espaces possédant une réalité productive qui connaissent une croissance rapide de leurs indicateurs : Rhône-Alpes, Pays de la Loire, notamment. Cela tant à prouver qu’au sein même des régions dites industrielles, il existe une pluralité d’évolutions qui ne sont pas que liées aux spécialisations sectorielles.

Ensuite, le lien entre croissance de l’emploi et de la valeur ajoutée ne semble pas si intuitif, comme le prouve la situation de l’Ile-de-France, mais aussi celle du Poitou-Charentes, du Centre ou de l’Auvergne pour ne citer que ces exemples.

Leurs performances économiques sont atténuées par le fait que certaines « facilités » économiques sont peu présentes ou opérantes : accessibilité, présence d’une main d’œuvre qualifié, de réseaux d’entreprises, lisibilité territoriale, cadre de vie, fiscalité, équipements publics…

In fine, l’observation économique amène à conclure que le potentiel local joue en réalité un rôle plus important sur le développement économique d’un territoire que sa simple spécialisation sectorielle.

Dès lors, l’action des pouvoirs publics, les flux résidentiels et démographiques, les dynamiques entrepreneuriales, les synergies ou regroupement entre les entreprises, expliquent grandement les écarts de croissance entre les régions, plus généralement entre les territoires.

Pour ainsi dire, même une spécialisation bien orientée n’est plus une condition suffisante pour assurer un développement harmonieux entre emploi et valeur ajoutée. L’Ile-de-France en est l’exemple le plus emblématique.

Malgré des spécialisations dans la finance, la Recherche & Développement ou les fonctions de siège, qui par essence sont fortement créatrices de valeur ajoutée, les effets d’entrainement en termes d’emploi sont plus que modestes. Signe que, en dehors de toutes considérations de productivité et de gains à l’innovation, les « facilités » au développement économique sont fondamentales à la libération du développement.

Conclusion : pour une reconnaissance des spécificités locales !

Parallèlement au phénomène de mondialisation, ce qui peut constituer en soi un paradoxe, le fait local n’a jamais été aussi net.

Ains, en fonction de la Loi NOTRe, les Régions, confirmées dans leurs compétences en matière de développement économique, devront collaborer à une échelle plus fine avec les EPCI, pour régénérer, renforcer, réorienter les effets locaux au profit d’une maximisation de leur effet d’entrainement…

Dès lors, la réussite de la stratégie économique des Régions prendra corps au travers d’un rapport symbiotique entre l’ambition régionale et la reconnaissance des spécificités locales.

En cela, les documents d’urbanismes, SCoT / PLUi valant SCoT devront être à l’articulation des deux échelles de travail au service d’une ambition commune et de la diversité des territoires.


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