METROPOLES ET TERRITOIRES PERIPHERIQUES

Métropoles et territoires périphériques : privilégions les identités locales au profit du développement économique commun.

La course à la métropolisation dans laquelle la France est engagée, peut amener à s’interroger sur l’existence d’une réalité économique en-dehors des grandes aires urbaines.

La tentation est alors forte de voir l’organisation territoriale qui se dessine ainsi comme une sorte de réplique locale de la centralisation nationale, bâtie sur une relation descendante entre la « capitale » ou la « métropole » et sa périphérie destinée à conforter son rayonnement.

Concevoir le développement futur des métropoles sur un tel schéma reviendrait à nier l’évolution de la géographie économique et sa logique de spécialisation concurrentielle territoriale.

En effet, l’un des enseignements majeurs de la mondialisation réside dans le morcellement des centres économiques spécialisés, dont les tailles sont variées, allant de la mégapole (aire urbaine de plus de 10 millions d’habitants) – Exemple : Paris reconnu pour la mode et comme place de sièges sociaux – à la commune située en zone rurale – Exemple : Les Herbiers (Vendée), Culoz (Ain), dont la lisibilité repose sur une dynamique industrielle de pointe dans le secteur de la construction navale ou électrique.

L’éclatement des spécialisations n’est pas le fruit du hasard, mais répond à un processus historique cumulatif d’arbitrages des individus sur les plans économiques, politiques, sociaux et culturels, générateurs d’une identité locale.

Les territoires sont donc amenés à jouer leur partition en fonction de leur « personnalité locale » ; héritée de leur histoire, voire d’une culture spécifique de coordination entre capital investi et travail réalisé, les grandes entreprises et les sous-traitants, l’administration et les entrepreneurs.

Les facteurs locaux deviennent des éléments-phares du développement des territoires, quelle que soit leur taille, à condition de mettre en œuvre les conditions nécessaires à la coordination de projets annexés à des ressources locales spécifiques.

Bien qu’en situation de concurrence, les territoires sont en position d’offrir deux types d’avantages compétitifs distincts aux degrés de vulnérabilité différenciés.

Les premiers reposent sur la maîtrise des coûts de production ; la main d’œuvre, l’énergie, la fiscalité, les taux d’intérêt, sont autant de variables ne différenciant que passablement les territoires tant elles peuvent être similaires. Du reste, elles ne sont pas immuables puisqu’elles sont contextuelles et cycliques pour certaines.

Les seconds relèvent de facteurs internes identitaires aux territoires, lesquels sont par essence non délocalisables. En revanche, ils différencient avec force les territoires qui peuvent alors proposer des ressources spécifiques absentes ailleurs.

Par exemple, l’appellation « Champagne » est intimement liée à son territoire quand bien même des vins effervescents sont aussi élaborés en Italie ou en Espagne. Globalement, le modèle de l’Appellation d’Origine Contrôlée est l’archétype d’une production issue des facteurs inhérents aux territoires.

Si les métropoles françaises doivent affirmer leur rayonnement mondial, ou à minima européen, le développement économique des espaces périphériques est un vecteur de diversification d’activités que l’on ne retrouve pas chez elles : agriculture, certaines industries, fonctions d’innovation, voire services locaux spécifiques.

Ainsi, la concurrence que se livre les métropoles reposerait moins sur leurs fonctions économiques que sur les spécificités de leur périphérie. Pour cause, les grandes aires urbaines proposent pour la plupart des fonctionnalités économiques identiques, appelées métropolitaines : enseignement supérieur, prestations intellectuelles, recherche et développement, culture…

 

La relation métropole-périphérie se qualifie alors, non par l’homogénéisation des espaces économiques, mais au contraire différenciation par une différenciation tirant partie des spécialisations issue de l’identité des territoires.

 

Les territoires périphériques sont alors une source d’avantages concurrentiels qui peuvent nourrir les métropoles à condition de construire des relations interdépendantes donnant lieu à la constitution de nouvelles ressources « métrophériques » (néologisme issu de la contraction entre les termes métropolitain et périphérie).

Ces ressources à trouver mettent en avant la nécessité pour les métropoles et leur périphérie de se doter de stratégies de développement coordonnées et cohérentes, propres à assurer à la fois leur lisibilité économique et leur identité.

Dans ce cadre, s’il existe évidemment un très large espace de développement proprement métropolitain, il existe aussi, en complément et en cohérence, un espace de développement des « territoires intermédiaires » et des « territoires ruraux », qui peuvent également « tenir leur rang » dans la concurrence internationale et participer de la modernité …


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